Credit Suisse : 4 scénarios pour l’avenir de la banque

Empêtré dans les scandales à répétition, Credit Suisse cristallise depuis deux ans les inquiétudes. Mais les mesures de soutien annoncées mercredi soir par la Banque nationale suisse relancent les spéculations sur son avenir.

Depuis deux jours, les dirigeants du groupe cherchent à tout prix à rassurer sur sa situation financière, indiquant que la transformation en cours, qui prévoit notamment une scission de la banque d’investissement, portera ses fruits.

« Selon nous, le statu quo n’est plus possible », écrivent néanmoins les analystes de JP Morgan dans une note publiée jeudi. Revue des options envisageables.

· La scission de la branche suisse

L’une des hypothèses qui revient en force serait une scission de la branche domestique de Credit Suisse. Selon Bloomberg, elle aurait été évoquée mercredi lors des discussions entre le gouvernement et les superviseurs suisses.

Baptisée « Swiss Bank », celle-ci concentre les activités liées au marché suisse : banque de détail, banque privée, financement aux entreprises, etc. Elle a aussi récupéré les activités suisses de la banque d’investissement.

C’était la seule activité rentable l’an dernier – avec la gestion d’actifs, dans une bien moindre mesure -, avec un bénéfice d’exploitation de 1,5 milliard de francs suisses, contre une perte totale pour le groupe de 7,3 milliards .

Sa scission pourrait être un préalable à une cotation en Bourse, un projet envisagé par l’ancien patron Tidjane Thiam, mais finalement abandonné. Selon JP Morgan, l’entité pourrait être valorisée 10 milliards de francs suisses.

· Un rapprochement avec UBS

Longtemps impensable compte tenu de leur taille sur le marché domestique, mais évoquée maintes fois ces dernières années, la fusion entre les deux frères ennemis helvétiques est devenue une option.

Les autorités suisses auraient évoqué cette hypothèse mercredi. C’est aussi l’une des pistes mises en avant par les analystes de JP Morgan, qui voient le rachat du groupe comme le scénario « le plus probable ».

Dans un tel cas, poursuivent les experts de la banque américaine, l’acheteur pourrait être tenté d’introduire en Bourse la branche domestique. Il finaliserait la sortie totale de l’activité de banque d’investissement, qui a concentré les problèmes ces dernières années, et conserverait les divisions de gestion de fortune et de gestion d’actifs.

Interrogé par les médias mercredi, le patron d’UBS, Ralph Hamers, a refusé de répondre à toute question « hypothétique » sur Credit Suisse et rappelé que le groupe restait concentré sur sa propre stratégie.

· Les autres acteurs suisses à l’affût

Outre UBS, d’autres acteurs domestiques, moins gros, pourraient aussi être intéressés pour reprendre des morceaux de Credit Suisse, en cas de scission.

Le site Internet suisse Inside Paradeplatz mentionnait ces dernières heures le nom des potentiels candidats. Parmi eux figurent le géant de l’assurance-vie Swiss Life, dont le président est un ancien de Credit Suisse, mais aussi la banque publique zurichoise ZKB.

La banque privée Julius Bär, dont la capitalisation dépasse désormais celle de Credit Suisse, pourrait aussi regarder le dossier s’il venait à être ouvert.

« Une issue possible pourrait être la reprise de Credit Suisse par une autre banque, en souhaitant que les services à la clientèle et les emplois soient alors préservés autant que possible », a commenté mercredi Olivier Feller, député libéral-radical suisse, cité par la « Tribune de Genève ».

· Les banques étrangères sur la brèche

Deutsche Bank, BNP Paribas, l’ américain State Street … Les plus grands noms de la finance ont été cités ces dernières années. Avec en ligne de mire les activités de gestion de fortune et de gestion d’actifs, déjà objets de rumeurs de cession par le passé.

Au final, seul le fonds Apollo a franchi le pas en reprenant une partie des activités de titrisation, BNP Paribas se limitant à nouer un « partenariat » de transfert de clients de prime brokerage après le scandale Archegos.

« Déjà impactées en Bourse à cause d’une crise de confiance sur la viabilité et la transparence du bilan de Credit Suisse, les banques européennes ont peu d’intérêt à se positionner dans l’immédiat, et ce en plein virage de hausse des taux, estime un banquier d’affaires. Si UBS, le plus légitime, n’y va pas, pourquoi prendraient-elles le risque ? »

Quant aux banques américaines, elles doivent encore encaisser l’impact de la crise SVB sur le marché bancaire américain. Mais les scénarios de sauvetage ne font que commencer.