Euronext tire les fruits de sa stratégie de diversification

Publié le 9 févr. 2023 à 18:52Mis à jour le 9 févr. 2023 à 19:19

Nouvelle année record pour Euronext. L’opérateur boursier paneuropéen, à la tête des Bourses de Paris, Milan, Amsterdam, Bruxelles, Dublin, Lisbonne et Oslo, a publié un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros, en hausse de 9 % sur un an, et des bénéfices nets de 555 millions d’euros, en progression de près de 6 %. « L’année a été bonne, soutenue par notre présence sur l’ensemble de la chaîne de valeur », se félicite Stéphane Boujnah, le PDG de l’opérateur boursier. « La stratégie de diversification menée depuis six ans par le groupe paie dans cet environnement plus difficile sur les marchés financiers », ajoute-t-il.

L’opérateur boursier n’a toutefois pas échappé à la contraction des volumes échangés sur les marchés, une tendance qui s’est accélérée en fin d’année. Les volumes et les revenus tirés des échanges sur les actions sont ressortis en baisse de 17 % sur le quatrième trimestre. Sur le mois de janvier 2023, les volumes ont même baissé de près de 30 %. « Il s’agit d’un simple retour à la normale après une période exceptionnelle caractérisée par de fortes hausses enregistrées en 2020, 2021 et en début d’année 2022 », tempère Stéphane Boujnah. « Mais entre-temps, nous avons poursuivi notre diversification et le métier du cash equity représente désormais moins de 20 % des revenus du groupe », précise-t-il.

Maîtrise des coûts

Les revenus liés aux cotations ont, en revanche, fortement progressé l’an dernier malgré la chute du nombre d’introductions en Bourse, du fait d’une hausse des tarifs d’Euronext, mais aussi d’une reconnaissance comptable décalée dans le temps des revenus tirés des IPO des années précédentes. Là aussi, Euronext souligne le caractère exceptionnel de la parenthèse post-Covid, qui rend les comparaisons annuelles plus difficiles.

Si dans l’ensemble, les revenus ne sont pas aussi élevés que ne l’espéraient certains analystes, Euronext a une fois de plus fait preuve d’une capacité impressionnante à maîtriser ses coûts, une qualité généralement appréciée des investisseurs dans un contexte inflationniste. Ils se sont élevés à 606 millions d’euros sur l’année, un niveau inférieur aux prévisions les plus optimistes compilées par Bloomberg, alors que l’opérateur tablait sur des coûts de 612 millions. Autre bonne nouvelle, l’intégration rapide de Borsa Italiana devrait finalement permettre à Euronext de dégager des synergies plus importantes. Il a relevé son objectif à 115 millions d’euros au total, contre une prévision de 60 millions lors de l’annonce du rachat, portée à 100 millions l’an dernier.

Le groupe a ainsi amélioré sa génération de trésorerie disponible d’une année sur l’autre et porté ses réserves de cash à plus de 1 milliard d’euros et ses liquidités à 1,5 milliard au 31 décembre. Son ratio d’endettement (dette nette rapportée à l’Ebitda), qui avait bondi à 3,2 avec le rachat de Borsa Italiana, poursuit quant à lui sa décrue pour descendre à 2,6. De quoi « aborder l’année 2023 avec confiance et une grande flexibilité pour envisager une éventuelle croissance externe dans le respect de nos critères stricts d’investissement », selon Stéphane Boujnah.

La souveraineté pour se différencier

Alors que Deutsche Börse est le dernier opérateur boursier en date à avoir signé un partenariat de long terme avec un acteur américain du cloud, en l’occurrence Google, Euronext refuse toujours les avances de ces acteurs. « Nous défendons une vision très forte de la souveraineté numérique », souligne Stéphane Boujnah. « Nous considérons fondamental qu’une infrastructure de marché européenne ‘coeur’ soit située en Europe et gérée par des Européens, c’est pourquoi nous avons fait le choix de l’internalisation », explique-t-il. L’opérateur paneuropéen a déménagé l’an dernier son centre de données principal de la banlieue de Londres à la banlieue de Bergame, dans les environs de Milan en Italie.