Les banques de Wall Street mises en cause pour discrimination religieuse

Publié le 31 déc. 2022 à 10:30

La lutte contre les discriminations grimpe d’un cran dans le système bancaire. Aux Etats-Unis, terre d’élection du wokisme , le mouvement qui dénonce les injustices sociales et le racisme, des élus ont lancé une nouvelle salve de critiques à portée religieuse.

Elizabeth Warren, la sénatrice anti-Wall Street, alliée à l’élue démocrate Ilhan Omar, et d’autres représentants du Congrès ont appelé les régulateurs bancaires américains à réviser les règlements liés aux politiques anti-blanchiment et d’application des sanctions, qui conduisent, selon eux, à discriminer l’accès bancaire des citoyens musulmans et de communautés immigrées.

« D’innombrables particuliers, entreprises et organismes de bienfaisance américains ont été victimes de politiques et de pratiques discriminatoires qui semblent limiter leur accès aux services financiers en raison de leur religion ou de leur nationalité d’origine », critiquent les représentants dans une lettre adressée à la secrétaire au Trésor Janet Yellen et cinq autres responsables d’autorités financières.

Des musulmans et des chrétiens écartés

« De nombreux musulmans et Américains arabes, du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud, simplement en raison de leurs connexions – réelles ou perçues -, ont été systématiquement coupés de l’accès aux services financiers », affirment-ils. Les élus, qui font notamment référence à une « class action » initiée contre Bank of America par un immigrant iranien résident aux Etats-Unis, exigent une réponse formelle des régulateurs à leur courrier d’ici le 2 janvier.

A l’automne, le sénateur républicain Marc Rubio est, de son côté, intervenu pour demander des comptes à JPMorgan Chase, l’accusant d’avoir fermé sans explication l’accès bancaire du Comité national pour la liberté religieuse, soutenu notamment par la communauté chrétienne. Il exigeait que l’on retire la garantie des dépôts pour ce type d’interventions des banques.

Ces attaques envers le système bancaire ne se cantonnent pas aux Etats-Unis. En Israël, les risques de discrimination religieuse sont au coeur du débat public depuis l’élection de la nouvelle coalition de droite du gouvernement Netanyahou, composée d’un bloc d’élus de la droite religieuse.

Front anti-discrimination en Israël

Des craintes ont émergé sur une possible révision de la loi anti-discrimination qui garantit un accès égal aux services publics dans le pays quelle que soit la religion, l’orientation sexuelle, la nationalité d’origine ou le genre. Il est ainsi question que les entreprises et leurs actionnaires, comme les banques, puissent refuser de fournir des services s’ils allaient à l’encontre de leurs croyances religieuses. Dans le sillage de Microsoft, des institutions financières se sont élevées contre cette éventualité.

Israel Discount Bank, banque historique du pays créée en 1935, est allée encore un cran plus loin. L’institution a annoncé avoir révisé formellement sa politique de crédit pour refuser de faire crédit à toute entreprise qui agirait de manière discriminatoire ou à l’encontre de ses clients sur le motif de sa religion, sa race ou son orientation sexuelle.

« Nous avons jugé nécessaire d’amender notre politique, afin que ce qui est manifeste soit désormais officiel. En tant qu’acteur important de l’économie israélienne, c’est notre responsabilité », a déclaré au média « Times of Israel » Shaul Kobrinsky, le président de la banque.