
Publié le 25 févr. 2023 à 10:03Mis à jour le 25 févr. 2023 à 10:30
Hollywood avait poussé les portes de Wall Street en 1987. Sorti un mois après le krach d’octobre 1987, le film d’Oliver Stone recyclait le mythe de Faust dans le New York clinquant des années fric, de la bulle boursière et du chacun pour soi. Pour une richesse illimitée, un jeune courtier vendait son âme au diable, au plus grand trader de la place, Ivan Boesky, incarné par Michael Douglas. La finance est devenue un vivier pour l’industrie cinématographique qui y a renouvelé son catalogue de « méchants » . Depuis la crise financière de 2007, les escrocs en cols blancs et autres traders sans morale sont devenus les antihéros de grands succès du box-office hollywoodien.
Mais ces films qui donnent une image peu flatteuse de Wall Street et du secteur financier ( « Le loup de Wall Street », « The big short »…) ont aussi un impact réel, sur le comportement des investisseurs particuliers selon une étude récente (1). Guido Lenz de l’Université Goethe à Francfort a étudié le comportement de 140.000 petits porteurs et boursicoteurs sur longue période (2002-2017). Après la sortie de films dépeignant des fraudes ou des scandales boursiers, les boursicoteurs réduisent de 20 % leurs achats d’actions. Ces oeuvres de fiction, basées sur des faits réels anciens, affectent la confiance des investisseurs à l’égard du système financier et bancaire dans son ensemble. Ils se détournent notamment des actions des banques. Le « loup de Wall Street » est ainsi une contre-publicité pour le développement de l’actionnariat populaire et la confiance des particuliers dans leurs intermédiaires, comme les courtiers en ligne. Si les marchés sont manipulés au bénéfice d’un petit nombre d’élus, mieux vaut se tenir à l’écart.