Séismes en Turquie : la Bourse d’Istanbul suspendue pour la première fois en 24 ans

Publié le 8 févr. 2023 à 18:21Mis à jour le 8 févr. 2023 à 18:39

Pour la première fois en vingt-quatre ans, la Bourse d’Istanbul a suspendu les échanges, mercredi, jusqu’au 15 février. L’opérateur boursier a pris cette décision rarissime alors que l’indice phare de la Bourse turque, le BIST 100, poursuivait son plongeon malgré le déclenchement de deux coupe-circuits consécutifs.

Il avait déjà cédé 10 % au cours des séances de lundi et de mardi, alors que le superviseur turc des marchés financiers avait imposé certaines restrictions de négociations après les séismes meurtriers qui ont frappé le pays. Une fois ces mesures levées, la pression s’est accentuée en Bourse, portant les pertes à 16 % depuis le début de la semaine, sa pire performance hebdomadaire depuis la grande crise financière de 2008.

L’opérateur boursier a finalement décidé d’annuler les transactions effectuées mercredi matin avant la suspension des échanges. L’indice BIST 100 a effacé plus de 20 milliards de dollars de capitalisation sur les deux premières séances de la semaine. Il s’inscrit en baisse de plus de 20 % depuis son pic atteint le 2 janvier, un seuil caractéristique des marchés baissiers, ou « bear market » dans le jargon boursier. Après avoir enregistré une performance exceptionnelle l’année dernière, avec des gains de près de 200 %, la Bourse turque affiche désormais les pertes les plus élevées parmi les grands marchés mondiaux cette année.

Coup dur pour les épargnants

Le plongeon de la Bourse d’Istanbul est un coup dur pour les épargnants turcs. Ils s’étaient massivement tournés vers les marchés actions ces derniers mois à la recherche d’un refuge face à l’inflation galopante en Turquie, qui a dépassé les 80 % l’an dernier. Sur le réseau social Twitter, les épargnants turcs appelaient mercredi à annuler l’ensemble des transactions réalisées depuis lundi, portant le hashtag concerné en tête des tendances locales.

« La panique et le pessimisme ambiant peuvent augmenter les risques pour les traders car ils obscurcissent la pensée rationnelle, a expliqué Mehmet Gerz, du gérant stambouliote Ata Portfoy. C’est un peu tard, mais cela reste la bonne décision à prendre. » La dernière suspension de la Bourse d’Istanbul remonte à 1999. Déjà, à l’époque, la décision avait été prise après un séisme dévastateur. Dans les jours qui avaient suivi la reprise des transactions, l’indice BIST 100 avait plongé de 14 % avant de repartir à la hausse.