Société Générale, Crédit Agricole et BNP Paribas étudient la reprise d’Orange Bank

Publié le 1 févr. 2023 à 19:26Mis à jour le 1 févr. 2023 à 19:34

A deux semaines de l’annonce de son plan stratégique , les têtes changent au sein de l’état-major d’Orange. Mais l’opérateur télécoms continue d’avancer sur la vente de sa banque aux 2,6 millions de clients.

Un cercle de cinq candidats est entré en phase d’étude approfondie de la banque en ligne, en vue de remettre une offre définitive aux alentours de début mars, selon des sources. Sans surprise, les trois grandes banques françaises sont présentes : Crédit Agricole, Société Générale et BNP Paribas. L’espagnol Santander examine aussi le dossier, ainsi que l e fonds américain Cerberus . Aucune des parties n’a souhaité faire de commentaire.

En plus d’empêcher ses concurrents de se renforcer avec les clients d’Orange Bank, certains auraient une raison d’étudier à nouveau le dossier, après l’avoir écarté à l’automne 2021.

Atteinte du point mort

Face au groupe Crédit Mutuel également candidat, Société Générale a entretemps mis la main sur les clients d’ING en accueillant chez sa filiale Boursorama quelque 315.000 d’entre eux, avec 8,5 milliards d’euros d’encours. Et la banque continue de vouloir se muscler pour atteindre son point mort fixé à 100 millions d’euros de résultat net à échéance 2024. Pour cela, comme le reste du marché, elle doit ralentir le rythme des offres commerciales d’acquisition clients. Des accords commerciaux comme avec ING lui permettraient d’avancer plus vite sur son objectif. A fin décembre 2022 – au lieu de l’échéance 2025 visée initialement -, elle affichait déjà un portefeuille de 4,5 millions de clients.

Côté Crédit Agricole, l’objectif ne serait a priori pas de fusionner sa banque en ligne BforBank avec celle d’Orange. Le groupe bancaire pourrait aussi envisager de travailler en marque blanche pour Orange. La banque en ligne de l’opérateur télécoms compte aussi des clients de Groupama, son ancien actionnaire. Au-delà des schémas de cession purs et simples, l’opérateur télécoms a laissé entendre que toutes les options pouvaient être sur la table, y compris industrielles et minoritaires.

BNP Paribas, de son côté, compte 750.000 clients en France sous marque Hello Bank. Cependant, le groupe met la priorité sur la croissance organique pour croître en volume et en valeur afin de rentabiliser et approfondir la relation clients.

Plus de 880 millions d’euros de pertes

L’espagnol Santander peut lui avoir des vues sur l’une des pépites d’Orange Bank, ses activités en Espagne en pleine croissance et aux systèmes informatiques derniers cris sur lesquels il était question que la banque en ligne migre.

Pour Cerberus enfin, en conquête dans le secteur bancaire en France avec la reprise de la banque de détail de HSBC, ce serait l’occasion de densifier son portefeuille.

Reste que si la marque Orange fait rêver et que certains espèrent étudier le dossier moyennant un chèque de plusieurs centaines de millions signé par l’opérateur, ils doivent encore apprécier la qualité du portefeuille clients. Orange a d’ailleurs engagé une montée en gamme de ses services financiers.

« Il y a beaucoup de clients inactifs dans le marché de la banque en ligne aujourd’hui compte tenu des stratégies de conquête commerciale. Il entre maintenant dans une seconde phase qui nécessite de rentabiliser les opérations et cela ne peut pas se faire par simple acquisition », estime un bon connaisseur du secteur. Depuis le lancement de sa banque en ligne, l’opérateur télécoms a déjà perdu 880 millions d’euros.

A cela s’ajoute, pour le repreneur, la reprise potentielle des 900 salariés d’Orange Bank.

D’autres se demandent aussi s’ils poursuivront jusqu’aux offres finales au vu de la complexité du dossier, notamment informatique. Le précédent HSBC reste dans les esprits. Après avoir séduit toute la place bancaire, Cerberus avait fini par avoir le champ libre. Verdict dans quelques semaines.