Publié le 3 déc. 2022 à 15:18
L’agence de notation S&P Ratings a annoncé le maintien de la note de la dette française mais elle n’exclut pas de l’abaisser dans les prochains mois. En cause, un ralentissement de l’économie dans l’Hexagone et la dégradation des finances publiques liée aux aides versées aux ménages et aux entreprises pour compenser l’inflation, et notamment la hausse des prix de l’énergie dans le pays.
S&P a abaissé sa prévision de croissance du PIB français pour 2023 à 0,2 %, alors que sa dernière évaluation en juillet prévoyait une croissance de 1,7 % l’année prochaine. En parallèle, l’agence de notation a augmenté sa prévision du déficit budgétaire à 5,4 % du PIB contre 4 % en juillet. Elle prévoit une dette publique équivalente à 112 % du PIB en 2025.
Dès lors, la perspective associée à la dette française passe de « stable » à « négative », mais la note reste pour l’heure la même, soit « AA/A-1 + », d’après un communiqué de S&P publié vendredi.
Risques supplémentaires
Ces prévisions sont soumises « à des risques supplémentaires qui pourraient réduire davantage la marge de manoeuvre budgétaire de la France », indique S&P. Ces risques sont notamment une récession économique prolongée, une inversion de l’assainissement budgétaire, ou encore de nouveaux retards de calendrier dans le programme de réformes du gouvernement, d’après le communiqué.
S&P expose deux scénarios d’évolution de la notation de la dette française. Le scénario négatif conduisant à abaisser cette note interviendra si l’on constate un manque de réformes structurelles, une augmentation des paiements d’intérêts de l’Etat au-delà de 5 % de ses recettes, ou encore un ralentissement prolongé des performances économiques dans le pays.
En revanche, le scénario optimiste conduira à une augmentation de la note si le déficit est plus faible que prévu, abaissant ainsi la dette publique. Une situation qui pourrait se produire à condition que des réformes structurelles soient mises en place sur les gains de productivité notamment, accompagnées d’un « assainissement budgétaire résolu » et d’une croissance économique plus forte que prévu.
Maintien de la note d’émission par Moody’s
De son côté, l’agence Moody’s a maintenu sa note d’émission à long terme en monnaie locale et étrangère du gouvernement français à Aa2. « Les perspectives restent stables », indique Moody’s dans un communiqué daté de vendredi.
D’après l’agence, le maintien de la notation reflète une économie française « riche et diversifiée » avec « un profil démographique plus favorable que celui de nombreuses autres économies avancées », ainsi qu’une forte capacité d’endettement malgré une dette élevée.
Moody’s note également la nécessité de mettre en place la réforme des retraites , qui doit être discutée prochainement à l’Assemblée nationale. « La nouvelle réforme des retraites pourrait remédier au taux d’activité faible des travailleurs âgés », selon l’agence. Précisant cependant qu’il y a peu de chance que la dette soit réduite sous le mandat actuel du président Macron.