Crédit immobilier : les banques pourront remonter plus vite leurs taux

Publié le 11 janv. 2023 à 18:58Mis à jour le 11 janv. 2023 à 20:16

Fixé chaque trimestre, le taux d’usure sera-t-il bientôt réévalué mensuellement ? La Banque de France doit rendre sa décision la semaine prochaine, mais selon nos informations, cette actualisation plus rapide du taux au-delà duquel les banques n’ont pas le droit de prêter interviendrait au 1er février ou au 1er mars et pour quelques mois seulement.

Cette mensualisation temporaire était l’option envisagée pour fluidifier l’accès au crédit immobilier lors d’une réunion qui a eu lieu mercredi matin à la Banque de France entre les services de l’institution, ceux du ministère de l’Economie, du Trésor et les représentants des courtiers et des banques. Une proposition soutenue par le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, explique Bercy.

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Au Royaume-Uni, les banques serrent les vannes du crédit

Publié le 20 janv. 2023 à 17:11Mis à jour le 20 janv. 2023 à 17:33

C’est du jamais vu depuis la crise financière. Face à la dégradation du pouvoir d’achat des ménages, les banques britanniques ont restreint les conditions d’accès au crédit comme en 2008. D’après le sondage trimestriel de la Banque d’Angleterre (BoE), l’indice mesurant la disponibilité du crédit s’est contracté de plus de 30 % sur le quatrième trimestre 2022.

Ce tour de vis touche aussi bien les crédits dits « sécurisés » (dont l’immobilier) que « non sécurisés » (crédits à la consommation, cartes de crédit). Il semble s’installer dans la durée puisque les conditions d’accès s’étaient déjà dégradées au troisième trimestre.

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Etats-Unis : l’immobilier commercial, nouveau foyer de crainte pour les banques

Publié le 3 avr. 2023 à 18:35Mis à jour le 3 avr. 2023 à 19:00

« C’est de loin le problème le plus grave qui se profile à l’horizon », selon Elon Musk. Le patron de Space X et de Twitter ne parle pas de la conquête spatiale, ni de la politisation à outrance de la vie politique américaine, mais d’une possible nouvelle crise bancaire, qui serait cette fois liée à l’immobilier commercial.

« Au cours des cinq prochaines années, plus de 2.500 milliards de dollars de dettes immobilières commerciales arriveront à échéance ». Or « les taux ont plus que doublé et l’immobilier commercial n’est occupé qu’à 60-70 %. Le refinancement de ces prêts sera incroyablement coûteux et conduira probablement à la prochaine crise majeure », alertait ces derniers jours la lettre professionnelle Kobeissi, à laquelle Elon Musk réagissait sur Twitter.

« Problème d’actifs »

« Bien que les récents problèmes aient été en grande partie des problèmes de liquidité, il y a aussi des problèmes d’actifs », pointe également la société d’analyse Oxford Economics. « Les banques américaines sont assises sur d’importantes pertes non réalisées sur les titres [obligataires] – potentiellement jusqu’à 3 % des actifs – en raison de la hausse des taux », mais elles sont aussi « confrontées à des pertes potentiellement importantes, de l’ordre de 15 % ou plus, dans des domaines tels que l’immobilier commercial, qui constitue une grande partie de leurs actifs, et les prêts à effet de levier », détaille dans une note Adam Slater, chef économiste.

Et après la débâcle de la californienne SVB et de ses petites consoeurs, ce sont encore les banques régionales qui sont en première ligne : les banques de moins de 250 milliards de dollars d’actifs « représentent environ 80 % des prêts immobiliers commerciaux », rappelle Goldman Sachs. Dès cette année, quelque 270 milliards de prêts commerciaux arrivent à échéance, selon la société d’études Trepp.

La Fed tempère les inquiétudes

Au-delà des conditions de financement qui se tendent, les prêts sont le plus souvent garantis sur les biens eux-mêmes, immeubles de bureaux ou pas-de-porte commerciaux. Or la valeur de ces biens a chuté depuis la pandémie : dans les grandes métropoles, le travail à distance a limité la demande, créant une offre excédentaire de mètres carrés.

La pression pour faire la vérité des prix pourrait s’accentuer rapidement avec la vaste vente d’un portefeuille de prêts d’immobilier commercial de la banque Signature en faillite. La FDIC, le fonds de garantie des dépôts, en a confié la cession au spécialiste des transactions immobilières Newmark.

A ce stade, la Réserve fédérale tempère toutefois les inquiétudes. « Nous sommes bien conscients des concentrations » de prêts dans l’immobilier commercial », mais « je ne pense vraiment pas que ce soit comparable » avec une situation à la SVB, a jugé le président de la Fed Jerome Powell, lors de sa dernière conférence de presse, le 22 mars. « Le système bancaire est fort, il est solide, il est résilient, il est bien capitalisé, et je ne vois pas du tout cela comme une situation analogue », a-t-il insisté.

Dans le meilleur des cas, Goldman Sachs estime de son côté que le seul resserrement du crédit induit par la crise de SVB, notamment dans l’immobilier commercial, amputera la croissance américaine d’un quart à un demi point de PIB cette année.

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Banques : en France, la potion magique de la hausse des taux tarde à faire effet

Publié le 12 nov. 2022 à 8:57Mis à jour le 13 nov. 2022 à 10:11

La promesse a été tenue. La hausse des taux, déclenchée au printemps dernier par la Banque centrale européenne (BCE) pour lutter contre l’inflation, a bel et bien profité aux banques européennes : à l’issue des résultats du troisième trimestre, les revenus d’intérêt – un peu partout sur le Vieux Continent – ont profité de cette nouvelle donne.

Chez toutes les banques ? Non ! En France, elles ont certes signé un trimestre de bonne facture. Mais elles n’ont dans l’ensemble pas bénéficié – ni autant, ni aussi vite – de ce nouveau climat monétaire . En témoigne la baisse du bénéfice net de Crédit Agricole SA et de BPCE, à rebours de l’ensemble du secteur bancaire européen.

En cause notamment, le fait que les banques prêtent à taux fixe dans l’Hexagone, empêchant les établissements de répercuter directement la hausse auprès de leurs clients.

Marges d’intérêt en baisse

Chez BPCE, dans les caisses régionales de Crédit Agricole, mais aussi à la Société Générale, la marge nette d’intérêt était en baisse dans l’activité de banque de détail au troisième trimestre. BNP Paribas fait ici exception, avec des revenus d’intérêt en hausse en France , même s’ils se tassent en Italie et en Belgique.

« Nos marges demeurent sous pression compte tenu du caractère spécifique du marché français par rapport aux autres pays », a commenté Sébastien Proto, le directeur général adjoint de Société Générale, en charge des réseaux, qui a prévenu que le décalage allait encore durer plusieurs mois.

L’intensité concurrentielle sur le marché peut également expliquer une moindre progression des marges en France, où toutes les grandes banques ont encore vu leurs encours de crédit augmenter, malgré une situation économique plus incertaine.

Le coût de la ressource

Autre spécificité française, alors qu’elles ne peuvent pas directement répercuter la hausse des taux sur leur stock de prêts, les banques ont vu en quelques mois la rémunération qu’elles doivent servir sur le Livret A passer de 0,5 % à 2 %.

Une charge particulièrement forte pour les réseaux mutualistes, principaux distributeurs de ce produit d’épargne. Sur neuf mois, elle a coûté près de 400 millions d’euros aux Caisses d’Epargne et aux Banques Populaires .

« Pour une banque comme la nôtre qui a beaucoup de crédits à taux fixe et où nous avons plus de Livrets A, l’impact positif des taux va être plus lent. Mais il est plutôt à venir que déjà venu », expliquait Philippe Brassac, le patron de Crédit Agricole SA, lors de la présentation des résultats trimestriels jeudi .

Le comble du bon élève

Ironie du sort, les banques françaises se trouvent pénalisées par des stratégies qui s’étaient révélées plutôt gagnantes jusque-là. Face à la faiblesse des taux, elles ont cherché à se désensibiliser autant que possible du crédit, et à diversifier leur modèle pour proposer de l’assurance, de l’épargne et même des systèmes d’alarme.

« A présent que les taux remontent, les investisseurs ont tendance à privilégier des modèles bancaires plus simples et directement connectés sur les taux », explique Jérôme Legras, directeur de la recherche chez AXIOM AI.

C’est ce qui a profité aux banques espagnoles, comme Caixa ou Bankinter dont les cours ont bondi respectivement de 32 % et de 25 % depuis le début de l’année. Dopée par la remontée des taux, leur rivale Santander a vu ses revenus nets d’intérêt bondir de 7 % en Europe au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent.

Pénalisées en Bourse

Revers de la médaille, ces banques qui prêtent à taux variable se trouvent aujourd’hui dans le viseur du gouvernement espagnol, bien décidé à leur infliger une taxe exceptionnelle, compte tenu des profits réalisés.

Le même type d’explication se retrouve en Allemagne. « Commerzbank, moins diversifiée et plus tournée vers la clientèle locale, a davantage bénéficié de la hausse des taux que Deutsche Bank », qui a pourtant enregistré elle aussi de très belles performances, souligne encore Jérôme Legras. Le titre Deutsche Bank a ainsi perdu 12 % de sa valeur depuis le début de l’année, quand Commerzbank a grimpé de 10 %.

Quant aux banques françaises, leur moindre sensibilité à l’environnement de taux leur coûte cher en Bourse. Depuis le 1er janvier, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole SA ont perdu entre 17 % et 25 % de leur valeur.

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