Allemagne : le retour en grâce de l’épargne-logement

Publié le 3 déc. 2022 à 9:13Mis à jour le 3 déc. 2022 à 10:16

Le « retour en grâce » des plans d’épargne-logement est célébré dans une enquête de Warentest, l’équivalent de Que Choisir en Allemagne. « Depuis le début de l’année, les taux d’intérêt des prêts hypothécaires ont triplé », passant de moins de 1 % à 3 % fin juillet pour un prêt bancaire d’une durée de dix ans, note l’association de consommateurs. Avec des taux de 1,5 % à 2,5 % garantis jusqu’à 15 ans à l’avance, l’épargne-logement redevient donc intéressante pour se « protéger contre la hausse des taux d’intérêt ».

Les « Bausparkassen » étaient tombées en désuétude ces dernières années en Allemagne, n’intéressant plus que les plus âgés qui trouvaient difficilement des prêts ailleurs. En 2021, ces caisses d’épargne-logement n’occupaient que 12,7 % du marché du financement des logements privés en Allemagne (40,2 milliards d’euros), loin derrière les caisses d’épargne (99,4 milliards), les banques coopératives (81,1 milliards) ou les banques de crédit (72,9 milliards), indique la fédération des caisses d’épargne-logement privées.

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Avec la hausse des taux, l’épargne logement retrouve sa vocation originale

Publié le 3 déc. 2022 à 12:00

Un peu moins d’épargne, un peu plus de logement. En raison de la hausse des taux de crédit immobilier, le Plan d’épargne logement (PEL) pourrait bientôt retrouver sa vocation originale : permettre aux clients d’ obtenir un prêt à l’habitat à un taux garanti à l’avance .

Ces dernières années, les 12,2 millions de PEL cumulant 291 milliards d’euros d’encours (à fin 2021) ont été plutôt détournés de cet usage, au grand dam de la Cour des comptes , pour servir d’épargne ultra-sécurisée dotée d’une rémunération très attractive pour un placement sans risque.

« Avec la dernière génération de PEL, souscrits après 2016, on peut avoir accès à un taux de crédit de 2,20 %. Compte tenu des taux pratiqués actuellement sur le marché, généralement supérieurs à 2 %, cela peut commencer à devenir intéressant », explique Cécile Bruyères, cheffe de produit épargne logement chez Société Générale.

« Le fait d’avoir un PEL ouvrant droit à un prêt à 2,20 % sur 15 ans qui puisse être complété par un deuxième prêt à 20 ou 25 ans, cela peut être intéressant pour le client », abonde Laurent Bortoli, responsable des offres Crédits et assurance emprunteur à La Banque Postale.

Retournement de situation

Ce serait un retournement de situation pour le PEL, boudé dans sa dimension crédit ces dernières années, les prêts classiques ayant été jusqu’à ces derniers mois bien meilleur marché. De nouveaux PEL pourraient aussi être ouverts ces prochaines semaines par les clients craignant de voir les prêts classiques se renchérir et cherchant donc à bloquer le taux à son niveau actuel, tant qu’il est encore temps.

« Pour l’instant, on ne peut pas dire qu’il y a une réelle concurrence du PEL sur le crédit immobilier classique. D’autant plus que les montants à emprunter via un PEL demeurent limités : 92.000 euros maximum », nuance Hugues Lebrun, responsable adjoint de l’offre d’épargne chez Société Générale.

Un tel mouvement serait objectivement une bonne nouvelle pour les banques, qui espèrent de longue date voir diminuer les encours de PEL, car ils sont très coûteux à rémunérer. « Avec un encours de 107,7 milliards rémunéré en moyenne à 4,5 %, le poids des PEL ouverts avant 2011 reste élevé », soulignait l’an dernier la Banque de France dans son rapport sur l’épargne réglementée.

Le match avec le Livret A

Le nouvel environnement de taux pourrait permettre de desserrer l’étau pour les banques : d’une part, parce que le PEL peut à nouveau être utilisé comme apport de crédit ; d’autre part, parce qu’il devient un peu moins attractif en tant que produit d’épargne. Un Livret A actuellement rémunéré 2 % net d’impôts et de prélèvements sociaux est en effet bien mieux rémunéré que les PEL ouverts depuis 2016 (qui ne sont rémunérés qu’à 1 %).

Si cette rémunération devait toutefois augmenter – comme cela pourrait être le cas avec la remontée des taux -, le match avec le Livret A ou le fonds en euros de l’assurance-vie resterait très ouvert.

Ces inflexions auront des conséquences sonnantes et trébuchantes pour les banques : ces dernières, s’attendant justement à ce que leurs encours de PEL (et de CEL, le Compte épargne logement) augmentent régulièrement, passent chaque trimestre des provisions se chiffrant parfois en dizaines, voire en centaines de millions d’euros, destinées à rémunérer cette épargne.

Signe des temps, l’un des poids lourds de l’épargne logement, Crédit Agricole, n’a pas augmenté ses provisions PEL/CEL au cours du troisième trimestre, alors qu’elles avaient au contraire augmenté en début d’année : sur neuf mois, les 39 caisses régionales et sa filiale LCL ont ainsi respectivement provisionné à ce titre 412 millions d’euros et 34 millions d’euros.

Chez BPCE, l’autre grand acteur de l’épargne logement, les provisions sont passées à 689 millions d’euros à fin juin (derniers chiffres disponibles), en hausse de 3,7 % sur un an.

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