Publié le 22 févr. 2023 à 19:34
Après plusieurs années compliquées, entre pertes et profits sur fond de crise de gouvernance, Eramet a résolument retrouvé le chemin de la rentabilité et de la croissance. L’année 2022 est à ce titre historique : le groupe a vu son chiffre d’affaires progresser de 37 % pour s’établir à 5,01 milliards d’euros, le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (Ebitda) a augmenté de 48 % à 1,55 milliard d’euros et le résultat net a flambé de 148 % à 740 millions d’euros.
« Nous sortons de 2022 beaucoup plus forts financièrement, notre dette est au plus bas depuis près de 10 ans, notre socle d’actifs est extrêmement solide et a montré sa capacité à générer du cash », se félicite la PDG Christel Bories. Cette performance s’explique certes par un environnement de prix extrêmement favorable, dont l’impact positif est estimé par le groupe à 530 millions d’euros. Mais Eramet a su le mettre à profit grâce à des records de production.
Plus grosse mine de nickel au monde
Au Gabon, le groupe minier français a extrait 7,5 millions de tonnes de minerai de manganèse, un niveau historique qui confirme le site de Moanda au rang de plus grosse mine de manganèse au monde . En Indonésie, il a aussi battu tous les records en produisant pas moins de 21 millions de tonnes de minerai de nickel à Weda Bay, la première mine de nickel au monde. Et ce n’est pas près de s’arrêter puisqu’Eramet vise la commercialisation de plus de 30 millions de tonnes en 2023.
En Nouvelle-Calédonie, la Société Le Nickel (SLN), filiale du groupe sur l’Archipel, n’arrive en revanche toujours pas à sortir la tête de l’eau. En raison d’intempéries, d’un blocage de l’accès au domaine minier par certaines tribus et de la flambée des coûts de l’énergie, la SLN a vu sa trésorerie se dégrader très fortement, au point que l’Etat a dû voler à son secours en lui octroyant un prêt de 40 millions d’euros.
Nouvelle ère
« Le nickel rencontre des difficultés globales en Nouvelle-Calédonie, rappelle la dirigeante. Il faut remettre tout le système à plat pour trouver une solution structurelle. Nous collaborons avec les Provinces et l’Etat français pour y parvenir ». L’Etat a d’ailleurs mis en place une mission pour dresser un état des lieux du nickel en Nouvelle-Calédonie.
Autre ombre au tableau, la cession d’Erasteel au fonds Syntagma devrait se traduire par une dépréciation d’actifs de 126 millions d’euros. Le bouclage de la cession d’Aubert & Duval a été retardé à fin mars.
Pas de quoi entamer l’optimisme de la dirigeante qui veut faire entrer Eramet dans une « nouvelle ère » et devenir « le champion des métaux » de la transition, comme le lithium, le nickel et le cobalt. « Nous avons des projets et la capacité de les financer », a-t-elle affirmé. Pour son projet lithium en Argentine , le groupe étudie la possibilité de tripler les volumes produits à 75.000 tonnes dès 2026 après une entrée en production en 2024. Une décision d’investissement doit intervenir d’ici à la fin de l’année.
Christel Bories assure également que le développement de la production de nickel de qualité batterie et de cobalt en Indonésie est en bonne voie. Le groupe continue d’explorer de nouveaux gisements de nickel en Indonésie et de lithium au Chili.