La Russie se targue d’être protégée de la crise bancaire grâce aux sanctions

Grâce aux sanctions, la Russie se sent protégée de la crise bancaire. « Nous sommes d’une certaine façon assurés contre l’impact négatif de la crise qui se déroule à l’étranger, a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, la semaine dernière. Notre système bancaire a certaines connexions avec des segments du système financier international, mais il est pour l’essentiel sous les restrictions illégales de l’ensemble de l’Occident. »

Environ 80 % du secteur bancaire russe est désormais soumis à des sanctions. La coupure du réseau de paiement international Swift frappe quasiment toutes les banques (sauf Gazprombank). Les banques européennes ne sont plus exposées qu’à hauteur de 87 milliards d’euros à la Russie, selon la BCE. Par ailleurs, les Occidentaux ont gelé 300 milliards de dollars d’actifs de la Banque de Russie.

Un scénario très différent de 2008. La chute de Lehman Brothers avait entraîné celle de l’économie russe. La fuite des capitaux depuis la Russie s’était accélérée avec la crise financière mondiale, conduisant à des dévaluations du rouble. L’Etat russe avait injecté 300 milliards de roubles (8,4 milliards d’euros) en plus dans l’économie pour soutenir le secteur bancaire et les entreprises touchées par la crise.

Des risques « minimaux »

« Il n’y a pratiquement aucun risque en ce moment », a indiqué le porte-parole du Kremlin après la débâcle de SVB. Et vendredi, en pleine tempête Credit Suisse, la présidente de la Banque centrale russe, Elvira Nabiullina, renchérissait : « Nous estimons que les risques pour le système financier sont minimaux. C’est parce que notre système financier est moins connecté au système global, et c’est sans doute le point essentiel. »

Depuis la guerre en Ukraine, Credit Suisse a coupé des liens anciens avec la Russie. La deuxième banque helvétique est présumée avoir gelé pour 19 milliards de dollars d’actifs dans le pays.

Mikhail Vasilyev, senior analyste à la Sovcombank, et d’autres experts financiers du pays, jugeaient même, selon le quotidien de référence « Izvestia », que le sauvetage éclair de Credit Suisse était le révélateur de sérieux problèmes du système bancaire européen. Il est possible que d’autres banques en Europe soient dans une position similaire, estimait aussi Alexander Tsyganov, responsable chez Tsifra.

Le Kremlin met en avant l’inefficacité des sanctions, mais le déficit s’est accéléré en janvier avec la baisse des revenus énergétiques et la hausse des dépenses militaires.

Si la Suisse et les Etats-Unis sont venus en aide à leurs banques en détresse, l’Etat russe s’appuie de son côté sur son système bancaire. Malgré une chute de 80 % de ses profits en 2022, Sberbank, la première banque du pays détenue à majorité par l’Etat, a annoncé qu’elle allait distribuer un dividende record. Un peu moins de 4 milliards de dollars va ainsi venir remplir les caisses publiques.

Le total versé (565 milliards de roubles, soit 7,3 milliards de dollars) équivaudra à 200 % de son bénéfice annuel (contre 40 % à 56 % certaines années précédentes). « Notre dividende est aussi une contribution significative au budget de l’ensemble de l’Etat », s’est félicité son dirigeant dans un communiqué. L’année précédente, Sberbank n’avait versé aucun dividende sur recommandation de la banque centrale.