
La panique bancaire qui a fait trembler Wall Street et malmené le secteur bancaire européen en Bourse , a eu raison de la banque préférée des entrepreneurs de San Francisco . Vendredi à la mi-journée (heure de New York), le régulateur bancaire Federal Deposit Insurance Corp a fermé la Silicon Valley Bank et a transféré ses dépôts dans une nouvelle entité ad hoc, la « Deposit Insurance National Bank of Santa Clara ».
Les déposants n’auront accès à leurs liquidités qu’à partir de lundi. Ils se sont précipités aux guichets toute la matinée ce vendredi, afin de retirer leurs dollars, paniqués après avoir appris que la banque avait besoin de fonds en raison de pertes importantes – et incités par certains des plus grands fonds d’investissement de la Vallée à récupérer leurs billes. Du coup, SVB n’a pas été en mesure d’honorer toutes les demandes de retrait, et c’est ce qui a précipité son effondrement.
La fermeture de la banque en cas de panique est une procédure classique, actionnée généralement le vendredi. Elle permet de protéger les dépôts. Ils sont assurés jusqu’à 250.000 dollars par déposant.
Chez SVB, les dépôts s’élevaient à 175 milliards de dollars fin 2022, avec 151 milliards non-assurés, dont la récupération risque d’être fastidieuse et incomplète.
La deuxième plus grosse banqueroute du pays
SVB est la seizième banque du pays par la taille des actifs, 209 milliards de dollars fin 2022. Il s’agit de la deuxième plus grosse banqueroute dans l’histoire de la FDIC.
Celle de Washington Mutual en septembre 2008, avec 307 milliards de dollars d’actifs, conserve la palme. Lors de la crise des subprimes, de 2008 à 2013, près de 500 banques ont fait faillite, ce qui a coûté 73 milliards de dollars au fond d’assurance des dépôts.
Le cours de Silicon Valley Bank s’est effondré de 80 % depuis mercredi, après l’annonce de pertes importantes. Ce vendredi, la banque a d’abord tenté de lever des fonds pour colmater les brèches, mais la panique s’est répandue. Puis elle a cherché un acquéreur, mais son sort a été scellé très rapidement. Quelques heures après l’ouverture de la Bourse, le gouvernement californien a fermé la banque et en a confié les clés à la FDIC.
La hausse du coût du crédit
La banque des start-ups était prisée des fonds d’investissement et des entrepreneurs locaux, car elle était bâtie pour accompagner les entreprises en forte croissance. Elle n’hésitait pas à accorder des prêts à des acteurs non-rentables, en considérant leurs profits futurs.
Ce n’est a priori pas cette particularité qui a précipité la chute. La banque a surtout pâti de son osmose avec un écosystème high-tech qui a considérablement perdu en valeur l’année dernière, conjuguée à la hausse brutale du coût du crédit orchestrée par la Fed.
Quand les taux sont élevés et les cours déprimés, les entreprises et les investisseurs sont moins enclins à emprunter. Et quand leur fortune est constituée de la valeur de leurs actions, ils n’ont pas d’autre choix que de puiser dans leurs liquidités.
C’est un facteur de risque pour les prêteurs, notamment pour les banques régionales. Ces dernières semaines aux Etats-Unis, l’ETF SPDR S&P Regional Banking a attiré les vendeurs à découvert, persuadés que les bilans des petits établissements recèlent d’autres mauvaises surprises.