Le taux français s’envole au-delà de 3 % pour la première fois depuis dix ans

Publié le 27 déc. 2022 à 18:50Mis à jour le 27 déc. 2022 à 19:09

La fin de l’année s’annonce agitée sur le marché de la dette. Mardi, le taux des obligations françaises à 10 ans a dépassé les 3 %, terminant la séance à 3,048 %. Un niveau inédit depuis le printemps 2012. Une première alerte avait eu lieu en octobre, mais le taux français de référence avait finalement reflué sous ce seuil symbolique avant la clôture. Une mauvaise nouvelle alors que Bercy doit lever le montant record de 270 milliards d’euros sur les marchés l’an prochain.

La France n’est pas un cas isolé. L’ensemble des rendements à 10 ans des Etats européens, tout comme celui des Treasuries américains, a bondi de 10 à 13 points de base. La brutalité de la hausse s’explique en partie par le fait que les investisseurs sont peu nombreux sur le marché en cette période de vacances, ce qui tend à renforcer les mouvements. Il n’empêche qu’ils se sont montrés très nerveux à l’annonce d’une large réouverture de l’économie chinoise. Pékin a en effet décidé une levée de la quarantaine pour les voyageurs entrant dans le pays, et a allégé sa gestion des cas de Covid-19.

Pressions inflationnistes

S’il s’agit d’un événement positif pour l’économie mondiale, elle a provoqué l’inquiétude des investisseurs obligataires. Ces derniers redoutent que le retour de la Chine dans l’économie mondiale n’alimente une inflation qui commence tout juste à donner des signes de faiblesse aux Etats-Unis et en zone euro. Si les indices des prix à la consommation repartaient à la hausse, la première conséquence directe serait une érosion de la valeur des obligations, car l’inflation rogne leur rendement.

Surtout ces nouvelles pressions inflationnistes pourraient entraîner une réaction violente des banques centrales, via de nouveaux tours de vis de grande ampleur, qui par ricochet feront monter les taux des Etats. La Réserve fédérale américaine a déjà relevé ses taux de 375 points de base en six mois, réalisant son resserrement monétaire le plus violent depuis les années 1980. De ce côté-ci de l’Atlantique, la Banque centrale européenne (BCE) a fait passer son taux de dépôt de -0 50 % en juin à 2 %, une vitesse jamais vue depuis la création de l’euro. Et la Banque du Japon, qui était la dernière à avoir conservé une politique monétaire favorable à l’économie, a commencé à changer son fusil d’épaule.

Hausses des taux directeurs

« La demande insatiable de la Chine en matières premières et en énergie fera grimper les prix de ces produits, à la grande consternation de la Fed et de la BCE », a affirmé à Bloomberg Stephen Innes, chez SPI Asset Management. Avant même les nouvelles venant de Chine, plusieurs voix au sein de l’institution de Francfort ont appelé à ne pas faiblir dans la lutte contre l’inflation ces derniers jours.

Klaas Knot, gouverneur de la Banque des Pays-Bas, a estimé que la BCE pourrait poursuivre ses hausses de taux à rythme soutenu jusqu’à l’été. De quoi renforcer les craintes des investisseurs.