Epargne : vers un taux du Livret A à 3 %

Publié le 11 janv. 2023 à 19:53Mis à jour le 11 janv. 2023 à 20:20

A en croire les dernières déclarations du Gouverneur de la Banque de France, le taux du Livret A pourrait être remonté significativement au 1er février, mais pas autant que les épargnants auraient pu l’espérer. Selon toute vraisemblance, son niveau passera de 2 % à 3 %. Ce qui serait une première depuis 2009.

Le taux du Livret A a déjà été multiplié par quatre depuis un an, passant de 0,5 % à 1 % en février dernier puis à 2 % en août. D’après sa formule de calcul basée en partie sur l’inflation, il pourrait encore augmenter pour atteindre 3,3 %, selon les spécialistes de l’épargne.

Mais lors de son audition mercredi à la Commission des finances du Sénat, François Villeroy de Galhau a souligné que sa recommandation au ministre de l’Economie, vendredi, devrait « prendre en compte dans ses quelques possibilités d’ajustement le bon équilibre entre la juste rémunération de l’épargne populaire, et la préservation d’un coût de financement raisonnable de notre économie, dont le logement social en particulier ».

Arbitrages

Une manière de tempérer les ardeurs de ceux qui attendaient un relèvement à 3,5 % et de signaler plutôt un niveau de 3 %. ​En effet, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) puise dans les ressources apportées par le Livret A pour prêter de l’argent aux organismes du logement social. Et le taux de ces prêts est basé sur celui du Livret A, donc plus ce dernier augmente et plus les bailleurs sociaux empruntent à un taux élevé.

Si le taux du Livret A devait remonter à 3,3 % au 1er février, cela reviendrait à le faire bondir d’un coup de 130 points de base, soulignait BPCE lors d’une conférence de presse mardi. Eric Buffandeau, directeur adjoint des études, de la veille et de la prospective du groupe bancaire alertait sur « un risque important d’engendrer des arbitrages violents des ménages entre actifs, surtout au détriment de l’assurance-vie, et de nuire au financement du logement social ».

« Il serait plus raisonnable d’avoir une hausse progressive du taux, plutôt que de bousculer très violemment les arbitrages habituels des ménages », ajoutait Alain Tourdjman, directeur Etudes économiques et prospective de BPCE.

En se basant sur les augmentations passées, BPCE estime qu’un impact d’une hausse de 30 points de base pourrait drainer 11,2 milliards d’euros vers l’ensemble des livrets réglementés, au détriment notamment de l’assurance-vie qui perdrait 6,5 milliards. Une hausse de 130 points de base pourrait donc avoir un impact considérable sur les placements.

Cependant, comme le soulignait Alain Tourdjman, c’est une décision « éminemment politique ». Si le Gouverneur de la Banque de France propose un taux, c’est le ministre des Finances qui prend la décision finale.