
Publié le 13 déc. 2022 à 21:16
Nouvelle ère au capital d’Eurazeo. Les David-Weill et deux autres familles d’actionnaires historiques de la société d’investissement, actionnaires ensemble de 15,5 % du capital, ont annoncé mardi soir dénouer par anticipation leur pacte commun. Leur alliance, qui arrivait à échéance le 6 avril prochain, liait leur destin depuis maintenant douze ans. Le décès le 17 juin 2022 de Michel David-Weill , patriarche d’Eurazeo, conduit à renouveler les équilibres.
Les David-Weill, tout comme leurs cousins, les Solages et les Guyot, descendants d’un dirigeant de Lazard (ancienne maison mère d’Eurazeo), ont lié leurs intérêts par des nouveaux pactes distincts avec la société d’investissement. « Les nouveaux pactes amènent de la souplesse et de la respiration tout en préservant la sécurité du capital d’Eurazeo », indique un proche du groupe.
De quoi susciter des nouveaux mouvements au capital ? A ce stade, Eurazeo n’a reçu aucune déclaration d’intention. Mais chaque famille est désormais plus libre de vendre des titres avant d’en référer auprès de la société d’investissement pour un éventuel rachat, et ce chacune à des conditions différentes.
Conditions négociées
Les filles de Michel David-Weill, qui détiennent 9,4 % du capital et disposent aussi d’un accord pour se racheter les titres entre elles, ont rehaussé ce seuil de notification à Eurazeo du premier euro à 5 millions d’euros. Un accord qui vaut pour trois ans.
Les Solages, qui possèdent 5,4 % d’Eurazeo, ont porté ce plancher à 10 millions d’euros. Les Guyot porteurs de 0,5 % du capital et qui n’étaient jusque-là liés par aucune contrainte auprès d’Eurazeo, ont décidé de fixer un seuil à 5 millions d’euros.
Si les nouvelles générations de familles actent leurs différences de vues patrimoniales en déliant leurs pactes, elles continuent de démontrer leur fidélité. « Rien dans l’absolu ne les oblige à accepter des seuils de déclaration », explique une source. Ensemble, elles constituent le deuxième noyau actionnarial d’Eurazeo, derrière les Decaux avec 19,35 % des droits de vote.
Offensive de Tikehau en 2017
Le pacte liant ces actionnaires historiques autour de la famille David-Weill avait été renforcé après l’offensive de Tikehau au capital d’Eurazeo en 2017. Seul un accord, assez souple, de concertation liait les trois familles depuis 2010. Quand l’investisseur rival est monté à l’assaut, il avait pu récupérer des titres de la Sofina, un holding belge, et de la famille Meyer, pour constituer sa position.
Pour sécuriser son tour de table, Eurazeo avait négocié en avril 2018 en plus un accord avec les David-Weill et leurs cousins pour avoir un droit de regard en cas de cessions de titres. Des conditions similaires à celle demandée à la famille Decaux venue en soutien d’Eurazeo face à Tikehau. Idem avec la famille Richardson, l’un de ses plus anciens actionnaires, avec aujourd’hui 3 % du capital.
Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Tikehau a revendu ses parts dans Eurazeo il y a tout juste un an. Sur sa période de détention, il a pu se féliciter d’avoir dégagé 182 millions d’euros, soit un taux de rendement de 10,7 %. Mais Eurazeo maintient sa garde.