
Publié le 6 févr. 2023 à 19:34Mis à jour le 6 févr. 2023 à 19:35
Alors que l’Europe manque toujours d’un stablecoin euro de référence pour concurrencer les plateformes cryptos américaines, un nouveau jeton adossé sur la monnaie unique fait son apparition. L’EURO est le premier stablecoin adossé à l’euro dont la gestion et la régulation sont 100 % européennes, assure la fintech finlandaise Membrane Finance, qui a lancé le 2 février ce token. Le principe de ce stablecoin est que sa valeur égale toujours celle de l’euro.
La start-up affirme que le jeton EUROe est « le premier et le seul stablecoin qui soit réglementé par l’UE ». Ou du moins par un pays de l’Union européenne, car la fintech est agréée par l’autorité finlandaise de surveillance financière (Fin-FSA).
Alors que l’un des reproches régulièrement adressés aux cryptomonnaies porte sur leur grande volatilité – ce qui limite leur intérêt en tant que moyen de paiement – un stablecoin est une devise numérique adossée à un actif fixe tel que l’or, le dollar, ou en l’occurrence, l’euro. Une parité avec un actif dont la valeur est réputée stable par les acteurs financiers et qui permet, en théorie, de se couvrir contre la volatilité du marché des cryptoactifs.
Inflation des stablecoins
La société affirme que chaque jeton EUROe est garanti par « au moins un euro fiat » dans « une institution financière ou une banque européenne, qui n’a aucun lien avec la société Membrane Finance ». Cette dernière estime qu’elle offrira la possibilité à ses clients de faire des « paiements quasi-instantanés » à un coût proche de zéro, contrairement aux frais réputés élevés et à la lenteur de la finance traditionnelle. Disponible dans un premier temps sur la blockchain Ethereum, l’EUROe a fait son apparition sur certains protocoles de finance décentralisée (DeFi) comme Uniswap.
Le groupe Casino a déjà expérimenté, avec le projet Lugh, un jeton indexé sur l’euro en France, mais son cas d’usage s’était retrouvé limité. Si l’EUROe n’est pas le premier des stablecoins indexé sur l’euro, il est en revanche le premier à être lancé et régulé par une autorité de régulation. L’EUROC de l’américain Circle est, par exemple, un stablecoin indexé sur l’euro, mais dont les réserves sont gérées par la Silvergate Bank aux Etats-Unis. « Une gestion américaine qui peut poser des questions de souveraineté si leur usage devait se populariser avec le risque que leur gouvernance échappe aux institutions européennes », explique Stanislas Barthelemi, analyste crypto chez KPMG.
Vraie attente des investisseurs
Les stablecoins sont un élément essentiel, voire indispensable de l’écosystème crypto. Les stablecoins sont donc censés échapper aux fluctuations soudaines et parfois violentes du marché des cryptoactifs. Les stablecoins sont ainsi utilisés pour faire des paiements sur certaines plateformes, des arbitrages entre différents ordres, des transferts entre plateformes ou pour sécuriser des gains en dollars ou euros pour les investisseurs.
« La quête du stablecoin euro est attendue depuis un moment car il y a une vraie attente pour les investisseurs et acteurs financiers européens d’un stablecoin indexé sur l’euro développé par des Européens » souligne Stanislas Barthelemi.