Le retrait de la cote, ultime étape de la renaissance de Rothschild & Co

Publié le 6 févr. 2023 à 19:39Mis à jour le 6 févr. 2023 à 19:45

Tout un symbole. En demandant le retrait de la cote de sa banque d’affaires Rothschild & Co, la famille Rothschild tourne une page. C’est en effet à travers la société Paris Orléans, une ancienne compagnie ferroviaire acquise par James de Rothschild dans les années 1850 et cotée en Bourse depuis 1838, que la famille a recréé une activité lorsque la banque fut nationalisée.

A l’époque, Paris Orléans échappe à l’expropriation. Elle a abandonné l’activité ferroviaire depuis 1937 mais possède une kyrielle d’actifs liés à ce métier : terrains, buffets de gare, entrepôts frigorifiques… David de Rothschild utilise la structure pour créer une maison de titres spécialisée dans la gestion de portefeuille, P.O. Gestion, qui gère aussi les domaines viticoles de la famille ou encore une participation dans le courtier en assurance Siaci.

Unification des branches anglaise et française

En 1986, la famille retrouve le droit d’utiliser son nom pour faire des affaires : P.O. Gestion devient Rothschild & Associés Banque et Paris Orléans prend une participation minoritaire dans Rothschild Concordia, qui opère au Royaume-Uni et dans le reste du monde. Réhabilité avec la première cohabitation, David de Rothschild ne cache plus son ambition : bâtir un nouveau Lazard, qui est à l’époque la référence des banques d’affaires.

La recette fonctionne. Grâce à une culture fondée sur l’excellence mais aussi la collégialité et la discrétion, la banque s’impose progressivement dans le paysage et participe aux privatisations de Paribas ou Matra. Puis elle s’internationalise et accompagne notamment Jacobs Suchard dans sa fusion avec Kraft dans les années 1990. Peu à peu, le succès de la branche française de Rothschild résonne jusque Londres.

En 2003, le britannique Evelyn de Rothschild choisit son cousin David, dont il apprécie le sens de la diplomatie, pour lui succéder à la tête de NM Rothschild & Sons. Une structure faîtière est créée, Concordia BV, détenue à parité par Paris Orléans et la branche anglaise de la famille. En 2008, les familles sont formellement unifiées, près de deux siècles après le départ de Francfort des cinq fils de Mayer Amschel Rothschild pour créer leurs structures.

Accord avec Edmond

En 2012, les deux pôles bancaires de Paris et Londres sont regroupés et Paris Orléans est converti en société en commandite par actions. Trois ans plus tard, Paris Orléans, toujours coté en Bourse, est renommé Rothschild & Co. Une consécration pour David de Rothschild, mais une provocation pour la branche genevoise d’Edmond de Rothschild, alors dirigée par Ariane de Rothschild , l’épouse de Benjamin.

Depuis, les relations se sont apaisées entre les deux branches . Selon un accord signé en 2018, ni la banque d’affaires, ni le groupe de banque privée et de gestion d’actifs ne pourront utiliser le nom « Rothschild » seul. Les deux groupes dénouent par ailleurs leurs participations croisées. Dans le détail, Rothschild & Co détenait, via un holding en Suisse, 8,4 % du capital d’Edmond de Rothschild. De son côté, Edmond de Rothschild avait 5,7 % du capital de Rothschild & Co et 9,5 % du capital de son holding suisse.

Une paix des braves potentiellement facilitée par le passage de relais entre David et son fils, Alexandre de Rothschild, intervenu début 2018 à la tête de Rothschild & Co.