SVB : Joe Biden tente de rassurer pour éteindre l’incendie

Cinq petites minutes pour tenter d’enrayer la crise. « Le système bancaire est sûr », et « vos dépôts seront disponibles quand vous en aurez besoin », a assuré aux Américains depuis la Maison-Blanche Joe Biden, lundi, dans une courte allocution sans questions. Il s’exprimait pour la première fois depuis l’effondrement de la banque californienne SVB , vendredi, et la mise sous tutelle d’un autre établissement, Signature, dimanche, mais juste avant l’ouverture de la séance boursière.

« Tous les clients qui avaient des dépôts dans ces banques peuvent être assurés qu’ils sont protégés et qu’ils pourront avoir accès à leur argent aujourd’hui », a d’abord rappelé le président. Dimanche soir, le département du Trésor, la Réserve fédérale et la FDIC, l’un des régulateurs bancaires, avaient publié un communiqué commun pour assurer que les clients des deux banques pourraient tous récupérer l’intégralité de leurs dépôts, soit bien au-delà des 250.000 dollars normalement garantis par la FDIC.

Bien décidées à éteindre l’incendie, les autorités ont également annoncé la création d’un mécanisme d’urgence pour secourir les autres banques rattrapées par les fuites de dépôts et les hausses de taux. Plutôt que de procéder à des renflouements en série, elles avancent des fonds aux établissements qui en ont besoin. Ce mécanisme, appelé Bank Term Funding Program (BTFP), sera « une source additionnelle de liquidité » soutenue à hauteur de 25 milliards de dollars par le Trésor.

Dirigeants licenciés

Pour ne pas rouvrir le débat de la crise financière de 2008 sur le sauvetage des banques, « aucune perte ne sera supportée par le contribuable », a insisté lundi Joe Biden, expliquant que l’argent viendra des commissions payées par les banques à la FDIC, qui agit comme un assureur.

Les dirigeants de Silicon Valley Bank et Signature seront par ailleurs licenciés, les investisseurs dans la banque ne seront pas protégés, et les responsabilités seront recherchées : « Personne n’est au-dessus de la loi », a promis le président.

« Ils ont pris des risques en connaissance de cause, et quand les risques ne paient pas, les investisseurs perdent leur argent. C’est comme cela que le capitalisme fonctionne. » Dimanche soir, Joe Biden s’était déjà engagé « fermement à demander des comptes aux responsables de ce gâchis », dans un communiqué.

« Renforcer la surveillance »

Enfin, la Maison-Blanche promet de « poursuivre [ses] efforts pour renforcer la surveillance et la réglementation des grandes banques afin que l’on ne se retrouve plus dans cette situation ». Alors que l’opposition ne s’est pour l’instant guère exprimée sur le dossier, Joe Biden a critiqué l’administration Trump pour avoir assoupli les règles de la loi Dodd-Frank mise en oeuvre après la crise financière de 2008. La Maison-Blanche devrait ainsi demander au Congrès de légiférer à nouveau sur les risques bancaires.

La chute de SVB pourrait aussi rouvrir le débat sur la politique de l’argent facile mise en oeuvre par la Réserve fédérale et les plans de sauvetage de l’économie pendant la pandémie, qui ont nourri l’inflation et l’afflux de cash dans les start-up, et suscité en retour le resserrement brutal de politique monétaire aujourd’hui fatal à SVB et Signature.

La Fed va approfondir ses investigations sur SVB

En fin de soirée ce lundi, la banque centrale américaine (Fed) a annoncé qu’elle allait se pencher sur les conditions de supervision et de régulation de la banque californienne Silicon Valley Bank. Les résultats seront publiés le 1er mai.

« Les événements entourant la Silicon Valley Bank exigent une analyse approfondie, transparente et rapide par la Réserve fédérale », a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell, cité dans le communiqué.

« Nous devons faire preuve d’humilité et procéder à un examen minutieux et approfondi de la manière dont nous avons supervisé et réglementé cette entreprise, et de ce que nous devrions apprendre de cette expérience », a estimé par ailleurs le vice-président de l’institution chargé de la régulation bancaire, Michael Barr.

Véronique Le Billon, avec S.G. (Bureau de New York)