
Publié le 23 nov. 2022 à 18:34Mis à jour le 23 nov. 2022 à 18:35
Chez Air France, les stewards ne peuvent pas avoir des tresses africaines nouées en chignon ; les hôtesses de l’air, oui. Cette règle pourrait bientôt voler en éclat. La Cour de cassation a rendu ce mercredi une décision qui pourrait en défriser certains. « Les exigences liées à l’exercice de la profession de steward ne justifient pas d’interdire aux hommes une coiffure autorisée aux femmes » a-t-elle statué.
L’histoire date de 2005. Un steward se présente, coiffé de tresses africaines nouées en chignon à l’embarquement, lequel lui est refusé par l’employeur. Ce dernier avance qu’une telle coiffure n’est pas autorisée par le manuel des règles de port de l’uniforme pour le personnel navigant commercial masculin. Par la suite et jusqu’en 2007, le salarié va porter une perruque pour exercer ses fonctions. Cinq ans plus tard, il saisit la juridiction prud’homale de diverses demandes, s’estimant victime de discrimination. Peu après, l’employeur le sanctionne, puis il finira par le licencier pour inaptitude et impossibilité de reclassement au sein de l’entreprise.
Image de marque
Le conseil de prud’hommes puis la cour d’appel ont rejeté la demande du steward, arguant que la présentation du personnel navigant faisait partie de l’image de marque de la compagnie aérienne. Cette dernière imposait le port de l’uniforme et la différence de coiffure entre homme et femme reposait sur des codes en usage.
Pour la Cour de cassation, la différence de traitement qui consiste à autoriser les femmes à porter des tresses africaines attachées en chignon mais à l’interdire aux hommes est uniquement fondée sur le sexe du salarié. C’est l’uniforme qui permet aux clients d’identifier le personnel navigant. Contrairement à un chapeau, dont le port peut être imposé et qui contribue à cette identification, la manière de se coiffer n’est ni une partie de l’uniforme ni son prolongement. Par ailleurs, les codes sociaux ne sont pas des critères objectifs qui justifient une différence de traitement entre les hommes et les femmes. La Cour de cassation a donc cassé la décision de la cour d’appel.
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