Le crédit à la consommation marque le pas

Publié le 14 févr. 2023 à 18:57

Les Français semblent avoir mis le pied sur le frein, fin 2022, sur le crédit à la consommation. Selon les derniers chiffres publiés par l’Association des sociétés financières (ASF) ce mardi, la production de crédits à la consommation a reculé de 2,6 % en décembre, après avoir déjà fléchi en novembre (-0,5 %).

Entre une inflation élevée, des taux de prêt qui remontent et l’incertitude liée à la guerre en Ukraine, les ménages ont préféré jouer la prudence ou se rabattre sur les produits d’occasion. Au dernier trimestre, la croissance de la production de crédits à la consommation a ainsi ralenti à 1,2 %, soit 8 à 11 points de pourcentage de moins qu’aux trimestres précédents. Sur l’année, la production progresse tout de même de 7,7 %, mais moins qu’en 2021 (12,6 %).

Effondrement des prêts personnels

En fin d’année, ce sont surtout les prêts personnels qui se sont effondrés, marquant une chute de 23,5 % en décembre, et un recul de 14,5 % sur le dernier trimestre. « Ce secteur des financements, composé d’une part importante de crédits d’un montant supérieur à 6.000 euros, est très pénalisé par le seuil de l’usure des trois derniers mois de l’année 2022 », explique l’ASF dans un communiqué.

En effet, comme pour le crédit immobilier, le taux d’usure – ce taux au-delà duquel les établissements n’ont pas le droit de prêter – révisé tous les trois mois jusqu’en janvier, est remonté moins rapidement que les coûts de refinancement des sociétés financières. Plutôt que de prêter à perte, certaines d’entre elles ont donc préféré refermer le robinet du crédit. Une situation qui devrait s’améliorer avec la révision mensuelle du taux d’usure, instaurée provisoirement jusqu’au 1er juillet.

Un taux de détention au plus bas depuis 1989

La production de crédits automobiles classiques, de son côté, a pâti de la baisse des immatriculations de voitures neuves, pour terminer en recul de 12,1 % sur l’année. Dans l’auto, la location avec option d’achat et l’occasion continuent de progresser, mais moins rapidement en fin d’année.

Ce ralentissement du crédit à la consommation a également été constaté par l’Observatoire des crédits aux ménages, une étude publiée tous les ans par la Fédération bancaire française et l’ASF et réalisée par Kantar auprès de 13.000 foyers.

En 2022, 21,8 % des ménages interrogés déclaraient avoir un crédit à la consommation, soit le taux de détention le plus bas enregistré depuis la création de l’Observatoire en 1989. Ce taux de détention affiche ainsi un recul pour la cinquième année consécutive, et une baisse de 3 points par rapport à 2020. « Les craintes que les ménages expriment sur leur pouvoir d’achat sont là, et ça se traduit par une moindre appétence pour les grands projets de consommation », a expliqué le professeur d’économie Michel Mouillart lors d’un point presse.

Un recul qui devrait se poursuivre en ce début d’année 2023, puisque seulement 3,6 % des ménages prévoient de souscrire un nouveau crédit à la consommation au premier semestre, un chiffre en deçà de la moyenne sur longue période. « Les ménages sont pessimistes, ce qui se retrouve dans leurs intentions de souscrire de nouveaux crédits », souligne Michel Mouillart. En raison de la contraction de leur pouvoir d’achat, ils ont en effet le sentiment que leur situation financière s’est nettement dégradée, même s’ils déclarent à près de 88 % que leurs charges de remboursement restent supportables.