Publié le 2 févr. 2023 à 17:13Mis à jour le 2 févr. 2023 à 19:17
Les records continuent de tomber dans la banque. En attendant les résultats des banques françaises (la semaine prochaine), les autres grands établissements européens ont l’an dernier réédité voire dépassé, les excellentes performances financières de 2021. Et cela malgré un environnement économique très chahuté.
La remontée des taux initiée par les banques centrales en 2022, et qui s’est poursuivie cette semaine avec les décisions de la Fed et de la BCE , a plus que compensé le ralentissement économique à l’oeuvre en Europe et les effets de l’inflation, permettant à ces géants bancaires d’engranger des bénéfices record et d’améliorer la rémunération de leurs actionnaires, un effet qui devrait toutefois être moins puissant sur le marché hexagonal.
L’espagnol Santander a publié ce jeudi un résultat net annuel de 9,6 milliards d’euros, légèrement supérieur aux attentes des analystes, en hausse de 18 % sur un an. La deuxième banque de la zone euro, présente aussi au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Amérique latine, a vu ses revenus bondir de 12 %, à 52,1 milliards.
Mieux que prévu
Elle a directement profité du renchérissement du coût du crédit dans ses différents marchés, où les taux d’emprunt pratiqués suivent la courbe des taux directeurs appliqués par les banques centrales. Sur le seul quatrième trimestre, les profits de Santander en Espagne ont été multipliés par quatre, ce qui attise d’ailleurs la convoitise du gouvernement, qui a décidé de taxer ces « superprofits ». La banque a néanmoins augmenté ses provisions en fin d’année pour parer d’éventuels défauts de paiement de ses clients.
L’italien UniCredit a lui aussi bénéficié de la remontée des taux, avec des profits qui ont augmenté de moitié en un an, à 5,2 milliards d’euros, bien supérieur aux prévisions. Les revenus nets d’intérêt ont même bondi de 42 % entre le troisième et le quatrième trimestre 2022 (+16 % sur un an). « 2022 a été notre meilleure année », s’est félicité Andrea Orcel, le patron de la banque, qui mise sur une année 2023 globalement conforme en termes de résultats.
Porté également par la hausse des taux, Deutsche Bank a su profiter, en plus, de la très forte volatilité des marchés financiers et des nécessaires besoins de couverture des entreprises sur les taux de change et le coût des matières premières. Le géant bancaire allemand a publié, ce jeudi, ses meilleurs résultats depuis 2007, avec un bénéfice net de 5,6 milliards d’euros.

La double peine
Les mêmes causes ne produiront pas forcément les mêmes effets pour les banques françaises, qui doivent publier leurs résultats financiers la semaine prochaine. La spécificité du marché français , où les établissements prêtent à taux fixe, contrairement à leurs homologues italiens, espagnols ou britanniques, les empêche de répercuter directement la hausse des taux auprès de leurs clients.
Au troisième trimestre, les marges d’intérêt en banque de détail étaient même en baisse chez BPCE, Crédit Agricole et Société Générale. « Les banques françaises devront attendre plus longtemps que leurs pairs européens pour voir leurs revenus bénéficier de la hausse des taux d’intérêt, et dans une dimension moindre », estiment les analystes de S&P Global. Les banques françaises sont même pénalisées par cette hausse, qui renchérit le coût de leurs ressources, et notamment du Livret A , dont le taux a été multiplié par six en un an. Leurs activités de marché et d’investissement devraient en revanche profiter des nouvelles conditions de taux, au même titre que leurs concurrentes européennes.
Des actionnaires choyés
La hausse des taux fait en tout cas le bonheur des actionnaires. Les bons résultats d’UniCredit ont poussé la banque à augmenter de 40 % les montants reversés aux investisseurs – sous couvert du feu vert de la BCE-, avec 5,25 milliards d’euros au titre de 2022, dont 1,9 milliard en dividendes. Le groupe s’est engagé à redistribuer 16 milliards d’ici 2024.
UBS a prévu de reverser 6,7 milliards d’euros à ses propres actionnaires sur la seule année 2023. Quant à Deutsche Bank, les bénéfices engrangés l’an dernier lui permettront d’augmenter de 50 % ses dividendes. Le groupe allemand a cependant décidé de reporter sa décision pour un éventuel programme de rachat d’actions cette année. « Compte tenu de l’environnement macroéconomique et réglementaire, nous estimons qu’il est trop tôt pour prendre une décision sur un volume de rachat et un calendrier », a déclaré le patron Christian Sewing.